28 février 2011

Les Rôdeurs de minuit

Caron, J.-R., Les Rôdeurs de minuit, roman du terroir, Montréal, Garand, 1932, 265 p.

Un groupe de criminels sème la terreur. Ils se sont attaqués à deux reprises au juge de Beaujean. Celui-ci est très riche et, depuis quelque temps, traque ces criminels qui veulent le faire taire. La première fois, il s'en est sorti grâce à l’intervention d’un mystérieux Jules, lequel est devenu l’ami de sa fille Lucette. La seconde fois, ils lui ont dérobé une pierre précieuse. Et maintenant ils menacent le juge de mort. Il faut dire qu’il habite une immense maison, avec valets, gouvernante, serviteurs. Tout tend à prouver que ces criminels ont au moins un complice sur place. Un peu tout le monde est soupçonné. L’inspecteur Duclos, de concert avec le procureur Jeannot et le détective Pallachio, mènent l’enquête. Le reste de l’histoire est d’un embrouillamini indescriptible. Il y a à peu près un revirement de situation à toutes les trois pages! Plusieurs personnages portent des déguisements, donc jouent deux rôles. Ce sera le cas du beau Jules lequel, déguisé en inspecteur, résoudra l’affaire, au grand plaisir de Lucette. Finalement, on comprend que les rôdeurs de minuit sont eux-mêmes attaqués par quelques policiers véreux qui s’étaient immiscés dans l’enquête pour mieux réaliser leurs coups.

Sur la couverture, il est écrit : « roman du terroir ». À quoi rime cette mystification, je ne saurais le dire. Il n’y a même pas le début d’un roman du terroir dans ce livre! C’est un roman policier, un mauvais roman policier, entre le roman d’enquête à la Agatha Christie et le thriller, mais ni l’un ni l’autre. L’action est répétitive (les lumières qui s’éteignent, un personnage qui disparaît tout à coup, Lucette qui est enlevée…), c’est mal édité, plein de fautes. L’auteur s’est même cru obligé d’ajouter un épilogue pour expliquer quelques-unes des invraisemblances de son livre.

Extrait
Tout à coup, le juge fut immobilisé par un bruit insolite provenant de l'escalier. Tous imitèrent son geste, et regardèrent avec effroi vers l'entrée.
Un battement de porte étrange vint de nouveau troubler le silence glacial qui régnait. Tout bruit ces-su, personne n'osait respirer de crainte de troubler ce silence. De nouveau, le même bruit reprit. Cette fois, l'on aurait dit un bruit de pas, s'avançant lentement, frappant lourdement sur le parquet. Le bruit devenait maintenant plus distinct. Tout à coup, ce bruit mystérieux cessa de nouveau. A cette phase, un moment d'anxiété terrible existait dans la bibliothèque. Les yeux qui, il y a un instant, étaient rivés vers l’étage supérieur, se portaient maintenant vers l'escalier. Le bruit avait recommencé de nouveau, mais, cette fois, il était plus perceptible.
La situation devenait de plus en plus intenable. Tout à coup un cri strident s'échappa de la bouche de Gertrude:
— Aie ! Aie !
Ces cris furent le déclenchement d'une scène indescriptible. En un seul mouvement, tous s'étaient transportés vers la porte, pour se porter au secours de cette forme humaine qui venait de s'écrouler dans l'entrée de la bibliothèque. Le juge, plus mort que vivant, se précipita à genoux, devant la victime. Tout en lui relevant lu tête, il s'écria:
— LUCETTE! ma chère enfant, parle moi, chérie... dis-moi que tu n'as pas de mal... m'entends-tu?... c'est ton père qui te parle.
Puis le juge, d'un élan suprême, l'enleva dans ses bras pour la transporter sur la divanette:
— Ah! quelle horreur, dit-il, elle ne bouge pas. . . serait-elle morte... Ah! non, je ne le veux pas... Non ! Non !
Le juge, se relevant, recula de quelques pieds, dardant le corps inerte de sa fille de ses yeux fixes. Se passant les mains devant la vue, à deux ou trois intervalles différentes, il s'écria farouchement:
— Mais non ! elle n'est pas morte ! C'est un cauchemar. . . c'est de la folie. . . je divague. . . Ah! Dieu, que vais-je devenir? (p. 174-175)

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